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C'est tout vu
Ça commence avec un vieil homme noir en boubou vert qui brandit des chaînes sous le nez de touristes blancs. Ça se passe sur l'île de Gorée, au Sénégal, dans une "esclaverie", où des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants embarquèrent, dentition vérifiée, pour les cales des navires négriers. Imagination ? Oui. Volonté de revanche ? Non, et c'est toute la force du documentaire d'Arnaud Ngatcha, "Noirs" diffusé dimanche 7 mai sur France 5, que de ne pas céder aux sirènes du communautarisme, qui semble ces temps-ci de plus en plus... tendance.
"Noirs", c'est l'histoire d'un jeune documentariste qui s'interroge sur ses origines, mais qui ne s'y enlise pas. Qui fait son devoir de mémoire, comme on dit aujourd'hui, mais sans s'aveugler en restant trop longtemps le nez sur ses cahiers. A l'appui, le discours de Christiane Taubira à l'Assemblée Nationale, venue défendre son texte sur la reconnaissance de l'esclavage comme crime perpétué contre l'humanité, le 18 février 1999.
"Ce rapport n'est pas un acte d'accusation car la culpabilité n'est pas héréditaire, et que nos intentions ne sont pas de revanche." Et puis cette phrase de l'écrivain Gaston Kelman, la plus encourageante de toutes, et aussi la plus engagée contre les racistes angéliques, ceux qui ont inventé le mot "Black" parce que le mot "Noir" leur écorche le palais.
"Le plus déconcertant pour la population noire de France, confie l'auteur de Je suis noir et je n'aime pas le manioc, c'est croire qu'ils sont et seraient seulement le produit d'une origine et d'une histoire. On peut aussi connaître son histoire pour s'en sortir." Ce que vient de faire précisément le documentaire d'Arnaud Ngatcha - et ceci par le haut. Le vieil homme de Gorée - peut dorénavant dormir en paix.
Christophe Ono-Dit-Biot
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Commentaires
Orf.
& l'on viendra me/nous dire que l'Egalité est acquise, que l'esclavage n'existe plus, etc, etc... Ben voyons.
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Oui, profond respect pour ce billet. Je n'ai pas vu ce documentaire sur France 5, mais il était effectivement temps, que la France reconnaisse ses responsabilités dans cette page douloureuse de l'Histoire, Africaine, Antillaise, mondiale...Même s'il est normalement aboli, combien d'esclaves encore dans notre monde? trop, beaucoup trop...